L’intelligence artificielle (IA) semble déjà omniprésente, mais selon l’article "It’s Still 1995" de Digital Native, nous ne sommes qu’au début de son adoption. L’auteur compare cette phase à l’ère naissante d’Internet en 1995 : une période où tout reste à construire, où les opportunités sont encore immenses, et où les acteurs majeurs de demain ne sont pas encore apparus.
Un contexte historique révélateur
En 1995, Internet était encore un territoire vierge. Des domaines comme mcdonalds.com ou abc.com étaient disponibles, et peu d’entreprises comprenaient leur valeur. Aujourd’hui, l’IA vit une situation similaire. Malgré l’essor fulgurant de modèles comme ChatGPT, lancé il y a seulement trois ans, nous sommes probablement dans les premières phases d’un cycle technologique bien plus long. Comme le souligne Kevin Kelly dans son article "You Are Not Late" (2014), chaque révolution technologique crée des vagues d’opportunités sur plusieurs décennies.
L’article rappelle que les transitions majeures, comme le cloud ou le mobile, ont chacune donné naissance à une vingtaine d’entreprises générant plus d’un milliard de dollars de revenus. L’IA ne fera pas exception. Pourtant, malgré l’effervescence actuelle, l’adoption massive de l’IA dans les applications concrètes reste à venir. Les années 2025 à 2027 pourraient être déterminantes, à l’image de la période 2009-2013 pour le mobile, qui a vu émerger des géants comme Uber, Instagram ou Snap.
L’adoption technologique : un processus lent, mais inexorable
L’article illustre ce propos avec cinq exemples frappants :
- Le e-commerce : Malgré la domination d’Amazon et d’eBay depuis les années 1990, seulement 20 % des achats se font en ligne en 2025.
- Le cloud : Environ 60 % des données des entreprises y sont stockées, laissant 40 % encore hors de cette transition.
- Le streaming : La moitié des foyers américains conservent un abonnement câble, plus de dix ans après l’arrivée des plateformes comme Netflix.
- Les paiements mobiles : Seuls 6 % des transactions éligibles utilisent Apple Pay, lancé en 2014.
- Les véhicules électriques : Ils ne représentent que 10 % des ventes de voitures neuves aux États-Unis.
Ces chiffres montrent que l’adoption des nouvelles technologies prend du temps, souvent bien plus que ce que l’on imagine. Pourtant, une fois le cap franchi, la croissance peut devenir exponentielle. L’article cite l’exemple d’Amazon : son action valait 14,90 $ en 2014, soit 199 fois son prix d’introduction en Bourse. Aujourd’hui, elle vaut 15 fois plus.
L’équilibre entre opportunisme et vision long terme
L’auteur met en garde contre une vision trop court-termiste, illustrée par des déclarations comme celle de Bryan Kim (a16z) : "Si vous ne passez pas de 0 à 2 millions de dollars de revenus en 10 jours, ce n’est pas une bonne entreprise." Une telle approche ignore que certaines des entreprises les plus solides, comme Kalshi ou Clay, ont mis des années à décoller.
L’article conclut sur trois points clés :
- Nous sommes encore très tôt : L’IA est loin d’avoir atteint sa maturité.
- L’innovation précède l’adoption : Il peut s’écouler des années, voire des décennies, avant qu’une technologie ne soit pleinement intégrée.
- La durabilité prime sur la croissance rapide : Construire des produits défensibles et une base de clients fidèles reste essentiel, même dans un environnement aussi dynamique que l’IA.
L’IA en 2025 ressemble à Internet en 1995 : un monde de possibilités, où les règles du jeu sont encore en train de s’écrire. Les acteurs qui sauront allier innovation et patience seront ceux qui façonneront l’avenir. Comme le résume l’article : "Le meilleur est encore à venir."