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CR Club Tech4Tech s05c06 - DevOps Avancé

Entre pièges et bonnes pratiques...
10 décembre 2025 par
CR Club Tech4Tech s05c06 - DevOps Avancé
DIGITAL LEAGUE Saint-Etienne, Michael NGO

La dernière session 2025 du Club Tech4Tech a réuni une vingtaine de professionnels du développement et de l’infrastructure pour échanger sur les enjeux du DevOps avancé. Animée par deux experts du domaine, cette rencontre a permis de partager des retours d’expérience concrets sur les conteneurs, les pipelines CI/CD, et l’orchestration, avec un objectif clair : éviter les pièges courants tout en optimisant sécurité, performance et simplicité.


L’enjeu principal soulevé : comment concilier l’innovation et la robustesse, sans tomber dans l’over-engineering ou la négligence des fondamentaux, surtout dans des environnements où les équipes sont souvent réduites et les ressources limitées. 

(La suite de cet article est accessible après connexion...)

1. Conteneurs : Optimisation, Sécurité et Pièges à Éviter

Des erreurs subtiles aux conséquences lourdes

Un participant a partagé une anecdote édifiante : un caractère mal placé (>) dans un Dockerfile, redirigeant la sortie d’une commande vers un fichier, a rempli le disque d’un conteneur après plusieurs semaines de production. Le diagnostic a été long et complexe, soulignant l’importance des linters et des outils d’analyse statique pour détecter ce type d’erreurs. Ce cas rappelle aussi la nécessité de surveiller activement les ressources (disque, mémoire) en production, même pour des applications apparemment stables.

Optimisation des builds : le multi-stage comme standard

Plusieurs intervenants ont insisté sur l’usage systématique des multi-stage builds pour éviter d’embarquer des dépendances inutiles (outils de test, librairies de debug) dans les images finales. Un build non optimisé peut en effet tripler la taille de l’image, avec des risques accrus de vulnérabilités et de performances dégradées. La règle d’or : ne conserver que l’essentiel dans l’image de production, et utiliser des outils comme docker-slim ou dive pour auditer les layers.

Exemple concret :

  • Une image initiale de 3 Go a été réduite à 800 Mo après refactorisation, simplement en supprimant les dépendances de build et en utilisant une base Debian Slim.

Sécurité : le choix des images de base sous la loupe

Le débat sur les images de base a été vif. Si Alpine Linux est souvent plébiscité pour sa légèreté, plusieurs participants ont pointé ses limites :

  • Communauté plus petite et moins réactive pour les mises à jour de sécurité.
  • Difficultés à installer des outils de diagnostic ou des dépendances spécifiques. Recommandation unanime : privilégier les images Debian Slim, qui offrent un meilleur compromis entre légèreté, sécurité et compatibilité avec les environnements de production. Un point clé : toujours vérifier les CVE (vulnérabilités connues) sur les images utilisées, via des outils comme Trivy ou Snyk.

Cas d’usage : WordPress et la gestion des plugins

La question de la gestion des plugins et fichiers utilisateurs dans des applications comme WordPress a été abordée. La solution consensuelle : monter les dossiers sensibles (comme wp-content) en volumes, pour permettre les personnalisations sans compromettre la reproductibilité des images. Un participant a résumé : « Si on vous demande du scaling horizontal avec WordPress, commencez par questionner le besoin réel. » Un rappel que certains outils ne sont pas conçus pour le cloud natif, et que l’orchestration ne résout pas tout.

2. Pipelines CI/CD : Entre Gains et Complexité

Caches et parallélisation : des gains souvent illusoires

Les retours sur l’usage des caches dans les pipelines (GitHub Actions, GitLab CI) ont été mitigés :

  • Les gains sont souvent marginaux, surtout pour les petits projets ou les layers légers.
  • La parallélisation des builds peut saturer les runners ou complexifier la logique de déploiement. Conseil pratique : toujours tester en local avant d’intégrer à la CI, et privilégier la simplicité pour éviter les effets de bord.

Mémoire et durée des pipelines : des défis récurrents

Plusieurs participants ont évoqué les erreurs de mémoire (OOM) fréquentes lors de builds complexes (Angular, analyses de sécurité ZAP), souvent mal diagnostiquées par les outils de CI. La solution : ajuster la mémoire des runners, mais aussi découper les pipelines pour isoler les étapes gourmandes. Un autre écueil : les pipelines longues (jusqu’à 1h pour du R), où une erreur en fin de processus peut coûter cher en temps de debug.

Mono-repo vs Multi-repo : un choix stratégique

Un participant a soulevé les défis des mono-repos : une modification mineure peut déclencher la reconstruction de dizaines d’images, avec un risque de builds cassés non détectés. GitLab et GitHub proposent des solutions pour ne builder que les répertoires modifiés, mais cela ajoute de la complexité. Recommandation :

  • Évaluer le rapport bénéfice/risque avant de choisir un mono-repo.
  • Automatiser les builds nocturnes pour détecter les régressions.
  • Privilégier les multi-repos si les projets sont indépendants et peu couplés.

3. Orchestration : Kubernetes, Swarm et la Quête de Simplicité

Docker Swarm : simple, mais des limites claires

Un retour d’expérience a mis en lumière les problèmes de répartition inégale des charges entre nœuds dans Docker Swarm, malgré une configuration identique. Swarm reste une bonne option pour démarrer simplement, mais sa scalabilité et sa résilience sont limitées comparées à Kubernetes.

Kubernetes : puissant, mais pas toujours nécessaire

Plusieurs participants ont témoigné des écueils de Kubernetes :

  • Courbe d’apprentissage abrupte.
  • Besoin d’une équipe dédiée pour le maintenir.
  • Overhead important pour des petits projets. Un participant a résumé : « On a un char d’assaut pour tirer sur une mouche. » Pourtant, un autre a défendu son usage pour rationaliser la gestion de nombreux petits services (supervision, outils internes), où Kubernetes apporte de la reproductibilité et simplifie les mises à jour.

Quand choisir Kubernetes ?

Une règle simple a été proposée :

  • Équipe légère (<7 personnes) ? Commencez par Docker Compose + Traefik.
  • Besoin de plusieurs serveurs ? Testez Docker Swarm.
  • Scalabilité complexe ou nombreux services ? Alors seulement, envisagez Kubernetes.

Un point crucial : Kubernetes n’est pas une fin en soi, mais un outil parmi d’autres. Son adoption doit être justifiée par des besoins réels, pas par la mode ou la pression technologique.

Conclusion : DevOps, l’Art de l’Équilibre

Cette session a confirmé que le DevOps avancé est avant tout une question d’équilibre :

  • Entre simplicité (éviter l’over-engineering) et puissance (ne pas se priver d’outils adaptés).
  • Entre sécurité (audits, CVE, minimalisme) et productivité (ne pas alourdir les processus).
  • Entre standardisation (bonnes pratiques, images de base) et adaptation (cas d’usage spécifiques).